Les abeilles ne sont pas des vaches à miel !

Le journal en ligne sort ce mois-ci un dossier intitule « Ceci n’est pas une vache à miel » ; l’occasion de nous faire rencontrer quelques personnages clés, qui sont au cœur de la lutte pour le changement de notre rapport aux abeilles. « J’ai bien vécu des abeilles, avec des méthodes d’apiculture conventionnelles. Je ne suis pas un donneur de leçon, et ne veux pas cracher dans la soupe. Mais je suis un repenti. » dit Henri Giorgi, apiculteur durant quarante ans. Arrivé à la retraite, il a prit du recul et ses constatations sont étonnantes. Beaucoup d’entre nous se retrouvent dans ses récits :

« J’ai toujours adoré mes abeilles, toujours fait très attention à elles. Je ne me rendais pas compte que ce que je faisais n’allait pas dans le sens de leur bien-être. » écrit-il.

abeille butine

L’apiculteur Vincent Canova, engagé pour la protection de l’abeille locale (dite noire), nous explique : « Ce sont des abeilles qui sont là depuis des millénaires et qui se sont parfaitement adaptées à leur environnement. Elles ont une période de reproduction très ciblée au moment de la floraison du châtaignier. Elles consomment peu de miel l’hiver, et ont un « démarrage tardif » au printemps, pour faire face aux hivers rigoureux et prolongés. » L’hybridation avec des races plus productives mais non adaptés localement se résout en échec : affaiblissement des colonies, diminution de défenses contre les maladies qui seront encore augmentées par les traitements chimiques de leurs « bienveillants » apiculteurs. »

Aujourd’hui, Vincent a décidé d’arrêter la production de miel, pour se consacrer à la conservation de son cheptel et à la formation d’apiculteurs amateurs « à qui on apprend à doser le sucre », alors qu’ils pourraient jouer un rôle crucial dans la conservation de l’abeille noire, du fait qu’ils n’ont pas d’objectif de production. »

Conservatoires d’abeilles noires

Vincent est un des piliers du conservatoire de l’abeille noire locale. Mais, celui-ci ne sera efficace que si la région soutient le projet par un arrêté qui interdirait toute intrusion de ruches hybridées dans au cœur des conservatoires.

De plus en plus de particuliers sont sensibilisés au déclin de l’abeille noire, et des ruchers-écoles adaptent leurs formations. « C’est en train de bouger, se réjouit Vincent, mais soyons conscients qu’on est dans l’urgence ; ça va se jouer à une génération d’apiculteurs près. Si on rate le coche, l’apiculture sera définitivement sous perfusion. »

D’abeilles aux jardins familiaux, jusqu’aux décideurs politiques

« Le miel, ça ne pousse pas dans des pots !» s’amuse Maurice, ingénieur fraîchement retraité et bénévole à la MFA (Maison des familles et des associations de Font-Vert au nord de Marseille). En partenariat avec l’association Bzzzz deux ruches « Bee-Pass » y sont implantées. Celles-ci ont pour principale particularité d’être adossées à des « cheminées » de bois. Ainsi, les entrées et sorties des abeilles s’effectuent à 3 mètres de haut, ce qui limite les risques de piqûres pour les visiteurs.

Cinq classes de CP ont pu visiter les ruches et travailler sur ce thème l’année dernière. « Ils comprennent que ce sont des animaux qui font le miel, que ces animaux ont une vie, une organisation, qu’ils sont très utiles pour la pollinisation. C’est très important, car demain, les décideurs politiques, ce seront ces jeunes-là. »

Les ruches de biodiversité

ruches paille

L’apiculture est la première activité agricole qui s’est intensifiée. Cette industrialisation a, entre autres, affaibli les populations d’abeilles. Avec les « ruches de biodiversité », Bernard Bertrand, apiculteur et écrivain, tente de leur redonner une vie normale tout en renforçant naturellement leur génétique. « Son rôle premier (de l’abeille) n’est pas de faire du miel pour les apiculteurs, mais de polliniser la nature pour qu’elle se régénère. » Une aide à la portée de tout citoyen, serait de semer des plantes et surtout de planter des arbres nectarifères, tout en incitant nos concitoyens à respecter la flore sauvage et spontanée au jardin.

Bernard Bertrand est le co-fondateur de Abeilles en liberté, un nouveau magazine trimestriel qui s’adresse à tous les amoureux des butineuses domestiques et sauvages, apiculteurs compris, qui voient dans l’abeille autre chose que ses productions. Dans ces pages, on n’apprend ni à diviser artificiellement les essaims, ni à nourrir les abeilles avec du sucre. On apprend à les observer à l’entrée de la ruche pour savoir ce qu’il se passe à l’intérieur ; on s’intéresse aux abeilles sauvages locales et aux abeilles noires…

Chacun de nous avons notre part de responsabilité dans le déclin des abeilles, Abeilles en liberté nous montre que nous pouvons contribuer à leur renouveau.

Page 24, fiches pratiques : Construire une ruche tronc, pas-à-pas extrait de l’ouvrage « Ruches de biodiversité », aux éditions de Terran.

1 Comment

  1. Bonjour,
    Mille Bravos pour le magazine et l’élan collectif qu’il est en train d’engendrer.. (le sillon s’élargit de jour en jour.. et l’espoir renait..)
    _Mettre l’abeille au centre de la démarche d’apiculture d’apiculture étant effectivement la seule issue viable possible pour elles (et nous). Je suis de tout coeur avec les abeilles mais je suis aussi sur le terrain en pleine action depuis plus de 15ans (ce serait compliqué a expliquer ici).
    Je vous contacte car je souhaiterais entrer en contact avec Henri Giorgi (pour un projet associatif) .. Je lui ai laissé un message resté sans réponse sur son Blog. Pourriez vous me mettre en contact avec lui ?
    (Je vous recontacterai lorsque j’aurais un peu de temps pour vous en dire plus sur mes projets passés, en cours et a venir_ pour les abeilles et les générations futures_)
    Frédo Diez – 0651288341

Les commentaires

Your email address will not be published.

Derniers articles de la catégorie Acteurs du changement