Recherches sur le bilan thermique des abeilles
Derek Mitchell (2016) s’est rendu compte du manque de connaissances à notre disposition sur les différences de gestion de la chaleur en fonction de l’habitat des abeilles, et il a décidé de comparer différents types de ruches en bois et en plastique à un modèle de nid dans un arbre creux. Pour cela, il a chauffé l’ensemble des ruches d’une manière similaire à celle dont une colonie d’abeilles produit de la chaleur, et a utilisé des données de la littérature scientifique sur la capacité thermique et la conductivité thermique (l) du bois contenant 12 % d’eau. Lorsque le bois contient plus d’eau, la conductivité thermique est plus élevée. Lorsque les abeilles vivent plus longtemps dans un arbre creux, le bois autour du nid s’assèche en raison de la production de chaleur par les abeilles et la conductivité thermique diminue.
La production de chaleur d’une ruche dépend de sa taille. L’énergie utilisée dans le nid pour maintenir l’homéostasie (le maintien d’un état interne stable malgré les perturbations extérieures) de la température et de l’humidité dépend de la conductivité thermique du nid. Plus la conductivité thermique de la cavité du nid est élevée, plus la ruche doit être grande et plus il faut de miel pour passer l’hiver.
Les abeilles mellifères dans les ruches
La plupart des ruches sont des variantes de la ruche verticale de Langstroth, conçue en 1851. Cette dernière est basée sur le constat qu’un espace de 6 à 9 mm de large n’est jamais rempli de propolis par les abeilles et qu’elles n’y construisent pas de rayon. Cela a permis de placer des cadres amovibles constitués de blocs rectangulaires dans le corps de ruche, sans que les abeilles ne les collent aux parois. De plus, les différents éléments pouvaient être empilés sans que les cadres ne soient collés les unes aux autres. Ce que l’on appelle « l’espace des abeilles » autour des cadres permet à l’air de circuler entre les éléments et le long des parois. Le volume de ces ruches varie en fonction du nombre d’éléments empilés. Même la plus petite combinaison (une ruche simple avec une chambre à couvain et une chambre à miel) est déjà plus grande que les nids d’arbres creux des abeilles sauvages (66 litres), mais elle a souvent une capacité de plus de 120 litres.
Pendant la saison
Une ruche produisant 160 kg de miel pendant la saison doit évaporer plus de 200 litres d’eau pour transformer le nectar en miel. La moitié de l’énergie accumulée avec le nectar est ainsi perdue. C’est sans compter la perte de chaleur qui résulte de la différence entre la température à l’intérieur de la ruche et celle qui règne à l’extérieur. Une ruche traditionnelle en bois a des parois de 19 mm d’épaisseur (norme en Angleterre et aux Pays-bas) qui n’offrent pas d’isolation suffisante lorsque la température extérieure est basse et la perte de chaleur peut alors atteindre 50 %.
Ainsi, pour avoir un stock de 40 kg de miel en fin de saison, les abeilles doivent produire jusqu’à 160 kg de miel tout en essayant de maintenir l’humidité dans le nid à couvain à 90 % et la température à 34 °C. Cela ne fonctionne que si les parois du nid ont une température d’au moins 30 °C (Mitchell, 2019).
Ainsi, pour avoir un stock de 40 kg de miel en fin de saison, les abeilles doivent produire jusqu’à 160 kg de miel tout en essayant de maintenir l’humidité dans le nid à couvain à 90 % et la température à 34 °C. Cela ne fonctionne que si les parois du nid ont une température d’au moins 30 °C (Mitchell, 2019). Si elles sont plus froides, l’eau se condense sur les parois et l’humidité diminue. Les recherches précédentes dans ce domaine ont négligé l’effet de déshumidification de la condensation, de la surface froide des parois avec une conductivité élevée. Les faibles résultats obtenus, à savoir 40 % d’humidité relative, peuvent s’expliquer par le fait que de l’air contenant de la vapeur d’eau à 34 °C se condense sur une paroi dont la température du point de rosée est d’environ 19 °C (Lawrence, 2005). Pour y remédier, une grande quantité d’énergie (2,2 MJ kg-1) doit être constamment dépensée pour évaporer l’eau afin de remplacer la vapeur qui se condense continuellement sur les parois ou qui disparaît par la circulation de l’air près des parois de l’enceinte. Ce coût énergétique élevé peut expliquer le faible contrôle de l’humidité observé par les chercheurs (Human et al.2006).
Une colonie d’abeilles installée dans un arbre creux peut maintenir le couvain à 34 °C sans que la vapeur d’eau ne se condense sur les parois, qui restent alors à 30 °C. Les parois en bois à large épaisseur limitent les pertes de chaleur du nid à couvain et le manque d’espace autour des rayons évite les pertes d’humidité et de chaleur par les courants de convection. Dans une ruche classique en bois, la perte de chaleur est 4 à 7 fois supérieure à celle d’un arbre creux dont les parois ont 15 cm d’épaisseur. Dans une ruche en plastique, elle est 1,5 à 5 fois plus importante. Il en résulte un rapport masse de la colonie/conductivité thermique de l’enceinte (MCR) inférieur à 0,8 kgW-1 K pour les ruches en bois et supérieur à 5 kgW-1 K pour les enceintes arboricoles. Dans les nids d’arbres, il est possible de maintenir des niveaux d’humidité internes plus élevés avec moins d’abeilles. Par conséquent, la survie des petites colonies dans les nids d’arbre est plus élevée.
Dans une ruche classique en bois, la perte de chaleur est 4 à 7 fois supérieure à celle d’un arbre creux dont les parois ont 15 cm d’épaisseur
L’hivernage
Dans une ruche classique en bois, en hiver, lorsque la température descend en dessous de 10°C, les abeilles forment une grappe d’hiver dans laquelle elles s’agglutinent densément pour former une masse sphérique, entrecoupée par les rayons sur lesquels elles sont accrochées. À l’extérieur de la grappe, les abeilles sont au plus près les unes des autres, au point que les poils de plusieurs abeilles s’imbriquent les uns dans les autres. Les couches serrées d’abeilles agiraient donc comme une couche isolante efficace pour la grappe et réduiraient ainsi la perte de chaleur. Cette hypothèse a été formulée pour la première fois par Phillips & Demuth (1914), puis par Farrar (1944), qui a constaté que l’abeille assure sa propre isolation, et plus tard par les travaux de Southwick (1985). Dans plusieurs articles, ce dernier décrit la formation de grappes comme une augmentation de l’efficacité thermique et souligne que les abeilles densément serrées augmentent la résistance thermique. Owen (1971) écrit également : « Les abeilles forment une grappe qui s’accroche étroitement aux rayons de la ruche. Les abeilles extérieures forment une coquille isolante qui empêche une perte excessive de chaleur ».
Derek Mitchell (2023) a réalisé que la conduction de la chaleur augmentait en fait à mesure que les abeilles se rapprochaient les unes des autres. Ses calculs montrent qu’avant la formation d’une grappe, la conduction et la convection sont faibles. Cependant, une fois la grappe formée, la convection s’accroît autour de la grappe et la conduction à l’intérieur de la grappe est doublée. Cela nécessite un arrêt partiel spectaculaire de la production de chaleur centrale (et d’autres activités), compensé par une réduction de la surface et une augmentation du stress pour les abeilles mellifères individuelles. En utilisant des corrélations entre les matériaux poreux, l’analyse des résultats précédents ainsi qu’un modèle de grappe au sein d’une ruche dans un milieu mettant en œuvre la convection, la conduction et le rayonnement, il a montré que la conductivité thermique d’une colonie d’abeilles mellifères augmente d’un facteur d’environ 2 lors de la transition entre le pré-grappe et le manteau dense, et que la valeur R de l’isolation peut diminuer de plus de 11. Il en conclut que le manteau n’agit pas comme un isolant et que la formation de grappes n’est pas sans conséquences, mais qu’il s’agit plutôt d’une réponse comportementale évolutive à une menace existentielle qui se traduit par une augmentation du stress lié au froid et à l’effort.
Pourquoi les abeilles forment-elles encore une grappe ? Selon Mitchell, les phénomènes suivants se produisent : pendant les mois d’hiver, lorsqu’il n’y a pas de couvain, la température du nid est maintenue au-dessus de 18 °C. Lorsque la température extérieure baisse, la production de chaleur nécessaire pour maintenir le nid à plus de 18 °C augmente. Lorsqu’elle dépasse le niveau de production de chaleur durable, le comportement des abeilles change. La température à proximité de la paroi de la ruche baisse et celle des abeilles qui se trouvent à cet endroit diminue également lorsque ces dernières cessent de produire de la chaleur. Les abeilles individuelles qui se sont refroidies doivent se rapprocher de celles qui peuvent encore produire de la chaleur de manière efficace, et elles s’éloignent donc des parois de la ruche. Cela crée un vide à côté de la paroi. Au fur et à mesure que la température extérieure baisse, cette enveloppe de 18° C se déplace vers le centre de la ruche. Des courants de convection se créent dans l’espace croissant entre les parois de la ruche et les abeilles, ce qui augmente la perte de chaleur. Les abeilles se rapprochent les unes des autres et leur conductivité augmente, tandis que la survie des abeilles extérieures s’améliore et que les pertes de chaleur augmentent. Certaines abeilles se sont refroidies à moins de 18 °C dans le noyau et cessent de chauffer, ce qui fait que la température baisse encore et que les abeilles se serrent toujours plus les unes contre les autres à l’intérieur de la ruche. À mesure que les conditions extérieures se détériorent et que l’enveloppe des 10 °C pénètre dans l’espace intérieur de la ruche, les courants de convection deviennent également plus forts. Les abeilles mellifères qui restent en dehors du contour des 10 °C meurent. L’emplacement de ce contour de 10°C détermine maintenant l’environnement thermique. La chaleur est à présent produite par certaines abeilles à l’intérieur du contour de 18 °C ce qui leur demande un niveau d’effort élevé. Elles produisent de la chaleur pendant une courte période et sont ensuite remplacées par d’autres abeilles. Ce rétrécissement de la grappe et du noyau se poursuit jusqu’à ce que la chaleur traversant la surface des abeilles à 10 °C soit réduite à l’équilibre avec la capacité de production de chaleur des abeilles restant à 18 °C et plus. En conséquence, la production totale de chaleur de la colonie et le niveau de toutes les autres activités se sont effondrés. Au lieu d’abeilles stressées, nous avons maintenant des abeilles qui sont alternativement stressées par une température basse ou un effort important.
L’abeille mellifère dans la nature
L’abeille mellifère d’Europe occidentale vit naturellement dans des arbres creux. La cavité de nidification est soigneusement choisie en fonction de caractéristiques telles que le volume, la taille et l’emplacement de l’ouverture du nid (Seeley, 2019). Les cavités préférées des abeilles ont une petite entrée à la base et se caractérisent par une cavité allongée qui contient entre 40 et 50 litres, entourée d’une épaisse couche de bois. La paroi d’une cavité naturelle est recouverte de propolis, qui se compose de résines végétales hydrofuges, peu perméables à la vapeur d’eau (Seeley & Morse, 1986). La seule ouverture par laquelle les abeilles peuvent ventiler le nid est l’entrée du nid. Elles construisent leurs rayons depuis le haut de la cavité vers le bas, en se retirant vers le haut lorsqu’elles ont besoin de conserver la chaleur (Owens 1971) et en élargissant le nid vers le bas à mesure que la colonie grandit et que la production de chaleur et de miel augmente (Crane 1990, p. 90).
Dans un arbre creux, les rayons sont fixés à la paroi supérieure de la cavité. Ils sont également attachés aux parois latérales, mais il y a aussi de petites cavités dans le rayon par lesquelles les abeilles peuvent se déplacer. La construction des rayons réduit le volume d’origine de la cavité du nid dans un arbre creux à environ 30 %, dont une part importante est absorbée par les abeilles. Par conséquent, les abeilles sont capables de réguler la température et l’humidité dans leur habitat : au sein du couvain à 34 °C et une humidité élevée (HR 90 %) une humidité faible au fond de la cavité (HR 50 %) pour pouvoir augmenter la concentration en sucre du nectar (10-40 %) jusqu’aux 82 % du miel. Elles se réchauffent en faisant vibrer leurs muscles thoraciques, se refroidissent en évaporant l’eau et rafraîchissent l’air en battant des ailes.
Comme les rayons sont fixés aux parois supérieures et latérales de la cavité du nid, la convection de l’air est inhibée. La présence des abeilles et des rayons inhibe également la convection de l’air dans le nid, limitant ainsi les pertes de chaleur lorsque les températures extérieures sont basses. Les parois épaisses d’un arbre creux limitent le transport de chaleur et isolent la cavité du nid.
Comportement lors des périodes froides
En raison des parois épaisses d’un nid d’arbre et du manque d’espace entre les parois et les rayons, les abeilles mellifères nichant dans un arbre n’ont pas souvent besoin de se regrouper en hiver.
Avec un RCM (= le poids de l’essaim divisé par le coefficient de conductivité thermique (l) de la paroi) de plus de 2 kgW-1 K, le regroupement dans un nid d’arbre n’est nécessaire qu’en cas de gelées extrêmement sévères. Il s’agit alors d’un comportement rare de préservation de la chaleur pour les colonies établies, plutôt que du comportement obligatoire, fréquent et salvateur commun aux ruches en bois classiques.
Le regroupement dans un nid d’arbre n’est nécessaire qu’en cas de gelées extrêmement sévères. Il s’agit alors d’un comportement rare de préservation de la chaleur pour les colonies établies, plutôt que du comportement obligatoire, fréquent et salvateur commun aux ruches en bois classiques.
Survie dans différents types de ruches
Les recherches comparatives de Derek Mitchell sur différents types de ruches et de nids d’arbres montrent que le transfert de chaleur dans les ruches classiques est environ quatre à sept fois supérieur à celui d’un abri d’arbre typique en configuration hivernale. En d’autres termes, un rapport entre la masse de la colonie et la conductivité thermique fixe de la ruche (RCM) inférieur à 0,8 kgW-1 K pour les ruches classiques et supérieur à 5 kgW-1 K pour les nids d’arbres (Mitchell, 2024). La température et l’humidité plus élevées dans les nids d’arbre assurent une meilleure survie des petites colonies. Kraus et Velthuis (1997) ont montré que les acariens varroa sont gênés dans leur reproduction par une humidité élevée. Ainsi, une humidité élevée dans les nids d’arbres entraîne également une diminution du succès de reproduction de Varroa destructor.
Gestion de la chaleur et comportement de butinage
La concentration du nectar en miel coûte aux abeilles mellifères un pourcentage important de l’énergie entrant dans le nid sous forme de nectar, en particulier dans la partie septentrionale de leur aire de répartition où les concentrations de nectar sont plus faibles. Les valeurs typiques montrent que plus de 50 % de l’énergie fournie doit être utilisée pour la concentration de miel et, même dans des conditions exceptionnellement favorables pour les climats tempérés, elle est toujours supérieure à 25 %. Le comportement de butinage d’une colonie d’abeilles devrait se traduire par un gain énergétique net après déduction du coût énergétique de la collecte et du transport du nectar, et du coût de la concentration du nectar en miel.
Si la conductivité thermique de la cavité du nid est plus faible, moins d’énergie doit être dépensée pour l’évaporation de l’eau. Cela signifie qu’une plus grande quantité d’énergie peut être utilisée pour collecter et transporter le nectar. La quantité d’énergie utilisée pour concentrer le nectar en miel influe donc sur la distance maximale de butinage des abeilles et sur la concentration minimale en sucre à partir de laquelle l’exploitation d’une source de nectar est encore rentable. Une colonie dans un nid bien isolé peut donc exploiter des sources de nectar qui ont une concentration en sucre plus faible, ou aller chercher le nectar plus loin (Mitchell, 2018).
Adaptation locale
Les abeilles mellifères des sous-espèces vivant dans les climats tempérés sont plus grandes et plus densément poilues que les sous-espèces des climats méditerranéens ou tropicaux. Les chercheurs précédents pensaient que ce changement de taille résultait de la modification du rapport entre la surface et le volume. Or, une augmentation de 1 mm de la largeur du corps n’entraînerait qu’un changement de 25 %. Cela est vrai lorsque l’abeille est à l’extérieur de la ruche, mais c’est très différent à l’intérieur du nid. Là, une augmentation de 1 mm de la largeur du corps signifie un doublement de la résistance à la convection thermique lorsque l’abeille n’est pas groupée. Cela permet à Apis mellifera mellifera (l’abeille noire) d’arrêter presque complètement la convection thermique avec une colonie à la population plus réduite, sans regroupement (Mitchell 2022), ce qui est une raison supplémentaire de conserver cette sous-espèce d’abeille (Valentine et al 2024).
L’auteur et l’équipe d’Abeilles en liberté remercient Derek Mitchell pour la relecture de cet article
Références
- Crane E. 1990. Abeilles et apiculture. Heineman, Oxford
- Farrar CL. 1943 An interpretation of the problems in wintering the honey bee colony. Gleanings in Bee Culture september, 513.
- Human H, Nicolson W, Dietemann VV 2006. Do honeybees, Apis mellifera scutellata, regulate humidity in their nest ?
J Naturwissenschaften 93(8):397-401. doi:10.1007/s00114-006-0117-y - Kraus, B. Velthuis H.H.W.1997. High humidity in the honey bee (Apis mellifera L.) brood nest limits reproduction of the parasitic mite Varroa jacobsoni Oud. Naturwissenschaften 84, 217-218 (1997).
- LawrenceMG 2005. La relation entre l’humidité relative et la température du point de rosée dans l’air humide. Am Meterol Soc 86(2):225-233. doi:10.1175/BAMS-86-2-225
- Mitchell, D.M., 2016. Ratios de la masse de la colonie à la conductance thermique des arbres et des nids artificiels d‘Apis mellifera : implications pour la survie, le regroupement, la régulation de l’humidité et Varroa destructor. Int J Biometeorol (2016) 60:629-638
DOI 10.1007/s00484-015-1057-z - Mitchell, D.M., 2019. Nectar, humidité, abeilles mellifères (Apis mellifera) et varroa en été : une analyse thermofluide théorique du sort de la vapeur d’eau provenant de la maturation du miel et de ses implications sur le contrôle de Varroa destructor. J. R. Soc. Interface
16 : 20190048. http://dx.doi.org/10.1098/rsif.2019.0048 - Mitchell, D.M., 2022. Honey bee (Apis mellifera) size determines colony heat transfer when brood covering or distributed. International Journal of Biometeorology (2022) 66:1653-1663. https://doi.org/10.1007/s00484-022-02308-z
- Mitchell D. 2023. Honeybee cluster-not insulation but stressful heat sink. J. R. Soc. Interface 20 : 20230488. https://doi.org/10.1098/rsif.2023.0488
- Mitchell, D.M. 2024. Are man-made hives valid thermal surrogates for natural honey bee nests (Apis mellifera) ? Journal of Thermal Biology 122 (2024) 103882
- Owens, C.D., 1971. The Thermology of the Wintering Honey Bee (No. 1429). U.S. Agricultural Research Service, Washington DC USA
- Phillips EF, Demuth GS. 1914 The temperature of the honeybee cluster in winter. Bulletin du Département de l’Agriculture des Etats-Unis, no. 93.
- Seeley, T.D., Morse, R.A. 1976. Le nid de l’abeille domestique (Apis mellifera L.). Insectes Sociaux 23, 495-512. https://doi.org/10.1007/BF02223477.
- Seeley, T.D. 2019. La vie des abeilles : The Untold Story of the Honey Bee in the Wild. Princeton University Press
- Southwick EE. 1985 Bee hair structure and the effect of hair on metabolism at low temperature. J. Apicult. Res. 24, 144-149 (doi:10.1080/ 00218839.1985.11100664)
- Valentine, A., Moro, A., Briggs, E., Collier, B., Sandoval, K., Binetti, C., Richardson, M., Wragg, D., Browne, K.A., Barnett, M., McCormack, G.P., 2024. Introgressive hybridisation puts the distinctive population of Apis mellifera mellifera in Ireland at risk: evidence from a multidisciplinary approach. Journal of Apicultural Research 0, 1–15. https://doi.org/10.1080/00218839.2024.2404297
Bonjour à tous
Mon expérience en matière d’isolation…
Il y a bien des années, j’ai testé sur quelques ruches un peu faibles à l’entrée de l’hiver, la pose de plaques de polystyrène extrudé de 20 mm sur les grands côtés de mes Langstroth. Ces colonies, non seulement passaient l’hiver sans problème mais également, rattrapaient leur retard de développement sur celles qui n’était pas isolées, dès l’arrivée des beaux jours au printemps. J’ai fini par généraliser cette isolation extérieure partielle (la façade et l’arrière de la ruche n’étant pas isolés) à l’ensemble de mes 400 ruches car je constatais également que les colonies isolées étendaient le couvain sur les dix cadres du corps de ruche, ce qui permettait, non seulement de prélever de plus beaux essaims par division mais aussi de faire ces essaims dix à quinze jours plus tôt au printemps et d’en prélever un dans presque toutes les ruches.
A noter également que dès mes débuts en apiculture, j’ai muni mes ruches de couvre-nourrisseurs isolés (plaque de polystyrène de 20mm encastrée dans un couvre cadre en bois et contreplaqué (ou Isorel de récup) de 5mm), ce qui permet, au besoin, de nourrir au sirop, en plein hiver, les ruches les plus légères. Ainsi, la température dans le plateau-nourrisseur reste clémente et le sirop également puisque la barquette est juste au dessus de la grappe et bénéficie de la chaleur dégagée par celle-ci…
La cheminée d’accès de 35mm de diamètre, positionnée de manière excentrée (1/3-2/3 de la largeur) dans le plateau-nourrisseur, permet de positionner cette cheminée d’accès directement au dessus d’une colonie faible (au besoin en tournant le nourrisseur à l’automne pour que la cheminée soit juste au dessus de la grappe) et de réduire au minimum (moins de 10 cm à parcourir entre le haut de la grappe et le sirop) le trajet des abeilles jusqu’à la barquette de sirop (barquette plastique de 750 ml munie d’un flotteur anti-noyade en contreplaqué de 5mm paraffiné), elle-même positionnée contre la cheminée. Certes, en hiver, elles prennent le sirop moins vite qu’à la belle saison mais elle le prennent sans aucun problème et du coup, je n’ai jamais utilisé de candi.
Pour des compléments scientifiques en matière de thermodynamique et d’entropie, je conseille le site de François Roddier (hélas décédé)
https://www.francois-roddier.fr/
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Au Portugal, la plupart des ruches installées autour de ma ferme sont des ruches traditionnelles et artisanales 100% en écorce de chêne liège. Isole de l’humidité, du froid, du chauf, des champignons… Les abeilles sortent toute l’année.
Très intéressant !!
C’est un peu n’importe quoi cet article ? 160 kgs pour une ruche !
On parle de ruches classiques de 19mm, c’est plutôt 24mm. Les abeilles s’installent un peu partout sans trop se casser la tête, dans les arbres, oui, mais aussi derrière un volet, une toiture et ce n’est pas spécialement isolé… J’ai trouvé une fois une colonie dans un caisson de volet roulant, c’est de l’alu de 1mm d’épaisseur.
Oui, le nombre de kgs de miel produit par ruche ( pour des colonies très fortes je suppose ) m’a aussi étonné. Mais en comptant la consommation propre de la colonie en miel , la récolte et les réserves hivernales le compte doit y être.
La plus grande partie du miel produit par les abeilles est au final » invisible » pour l’apiculteur, qui ne voit que le surplus ( la récolte) et les réserves hivernales.
En ce qui concerne l’épaisseur des ruches l’article ne précise pas le ou les modèles de ruche, ni l’origine géographique. Le standard n’est pas forcément le même partout. Bonne question.
Quand un essaim s’installe sous une toiture non isolée , une cheminée, derrière un volet,…, c’est par défaut, c’est qu’il n’a rien trouvé d’autre , et ses chances de survie sont proches de 0.
160 kg, c’est en dessous de ce que produit une ruche, sa production annuelle étant estimée à +/- 240 kg. Ne confondez pas production annuelle avec ce que vous leur prenez dans les hausses, il faut nourrir les larves et les abeilles pendant 1 an …
Bonjour Jean-Pierre Wéron,
Cet article est au contraire très précis et sourcé.
Comme l’explique Jean-Marc Mignon, la consommation de miel propre d’une colonie est largement supérieure à ce qui est récolté en moyenne dans une hausse. Dans « L’étonnante abeille » Jürgen Tautz avait même évalué la production annuelle totale de miel à 240 kg par colonie… la thermorégulation du couvain notamment consomme beaucoup de miel !
19 mm correspondent à la norme d’épaisseur pour les ruches classiques en Angleterre et aux Pays-Bas. Derek Mitchell étant anglais, c’est normal que ce chiffre apparaisse.
Une épaisseur de 24 mm (la norme en France) est déjà meilleure, mais l’épaisseur moyenne des troncs creux dans l’étude de Thom Seeley était de 100 mm. C’est sur cette épaisseur que Derek Mitchell s’est basé pour calculer l’effet isolant d’un tronc creux. Cela dit, pour plus de clarté, nous allons préciser dans le texte qu’il ne s’agit pas de la norme en France.
Par ailleurs, le fait que les abeilles s’installent partout — et parfois dans des endroits mal isolés — ne prouve pas grand chose, sinon que les habitats naturels manquent. Nous avons tous en mémoire un exemple de colonie installée dans un endroit atypique, y compris sous des falaises sans isolation… Malgré ces cas particuliers, à l’état naturel les abeilles mellifères ont une préférence pour les habitats isolés comme les arbres creux ou les cavités rocheuses.
Merci pour cet article sourcé
Nous voulons tous que les fonds de nos ruches soient aérés.. mais la réalité est tout autre 🐝
@Dimitri Romario
J’ai toujours utilisé des fonds paraffinés, non-aérés, en contreplaqué de 8 mm, avec une ouverture de 20 mm de hauteur mais j’ai toujours calé mes ruches (sur palette par 4) de manière à les incliner légèrement vers l’avant. Ainsi l’eau de pluie ne pénètre pas à l’intérieur et l’eau de condensation s’évacue par l’entrée, même en hiver avec les barrettes de réduction d’entrée. Je n’ai jamais eu de problèmes avec ça, sauf parfois, en sortie d’hiver, un peu de moisissure sur des cadres inoccupés… À noter que ces moisissures sont encore plus rares depuis que j’isole systématiquement mes ruches comme je le décris dans mon premier commentaire.
Ceci-dit, il y a bien longtemps, en récupérant une colonie sauvage dans un chêne-liège (mort) qui devait être abattu, j’ai constaté que certain rayons ou parties de rayons inoccupés étaient également moisis… En outre, des collègues qui ont des fonds grillagés constatent également ces moisissures…
Je pense que la seule façon de limiter ce désagrément est de retirer les cadres inoccupés juste avant l’hivernage et, sur le ruches les plus faibles, de poser une partition en polystyrène de 20mm (bloquée sur l’arrière avec un petit morceau de mousse entre bois et polystyrène. Il suffit de fixer la plaque un peut trop haut et ainsi, en reposant le plateau-nourrisseur, celui-ci la fera descendre et plaquer (en haut) pour assurer une bonne isolation. Il faut penser à faire une petite découpe en haut, à chaque bout de la partition pour faire la place du rebord de l’encadrement du nourrisseurs, sinon il ne plaque pas complètement…
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Merci pour ce bel article.
Existe t il ses études sur l isolation apportée par les rayons de miels ? J ai pu observer dans des colonies sauvages ou dans des ruches sans cadres des rayons d’ environ 8cm d épaisseur. Les rayons de miel, réserve d énergie pendant l hiver, ne sont ils pas également une couche isolante non négligeable, comme la couche de graisse des mammifères ?